• Intervention FSU au CIAEN du 4 juin

    Intervention FSU au CIAEN du 4 juin

    LYCÉE DES MÉTIERS – APPRENTISSAGE – RÉGIONALISATION

    La politique éducative mise en œuvre par les rectorats et la Région amplifie le développement des formations professionnelles par la voie de l’apprentissage. L’Etat en profite ainsi pour se décharger de sa mission éducative sur les employeurs et la Région : l’apprentissage est présenté comme un remède à tous les maux et les lycées se retrouvent marqués d’un label qui doit produire de nombreux miracles.

    Or la problématique du lycée des métiers ne repose pas seulement sur une labellisation mais sur un fonctionnement, elle relève essentiellement d’une logique de pôle de formation. La volonté conjointe du gouvernement, relayée dans les régions, de mutualiser les moyens humains et financiers passe par l’implantation au sein d’une même structure de formations initiales sous statut scolaire, sous statut d’apprentis, de la formation continue et de la VAE.

     

    Ainsi, le développement de l’apprentissage public est envisagé à tort comme une voie de formation salutaire pour les élèves les plus en difficulté, qui plus est à des niveaux V et IV.

     

    La charge de la formation est déléguée à l’employeur, premier « formateur ». C’est lui qui recrute et signe le contrat de travail. Or, les ségrégations liées au contrat de travail se retrouvent dans l’apprentissage :

    • peu d’apprentis issus de l’immigration,

    • 10 % de jeunes femmes (pourcentage qui n’a pas évolué depuis 1945),

    • des apprentis issus majoritairement des classes populaires,

    • aucune sécurisation des parcours de formation,

    • les poursuites d’études successives par la voie de l’apprentissage, qui bien que prévues par les lois Seguin de 1989, sont pratiquement inexistantes. D’autre part, les risques de confinement et de surexploitation des individus sont importants.

    La FSU dénonce la mise en place à marche forcée du lycée des métiers. Le principe de la labellisation du lycée des métiers ne correspond pas aux besoins des familles les plus démunies. La création de pôles de formation par métier est de nature à accentuer les discriminations sociales. Le maintien du multi-pôle doit être privilégié dans tous les cas.

    Le lycée des métiers, dans le cadre d’un PRDF prescriptif, engendre :

    • La mixité des publics (formation initiale sous statut scolaire/statut d’apprenti/formation continue),

    • La mise en concurrence des formations,

    • La fusion des établissements,

    • La remise en cause du statut des personnels par :

    o L’annualisation et la globalisation des services,

    o La multiplication des employeurs avec des conséquences sur les pensions, l’instauration d’un salaire « à la carte » avec pour corollaire l’obligation d’accepter des services partagés sans garantie du respect de leur statut et de leurs droits liés à ce statut.

    La FSU dénonce les dégradations des conditions de travail des personnels liées à la mise en place du lycée des métiers. Dégradations qui ne manquent pas d’être amplifiées par les suppressions massives d’emplois.

    De plus, contrairement aux arguments généralement invoqués, les enquêtes « générations 98 » et « génération 2001 » publiées en 2005 par le CEREQ indiquent qu’un apprenti coûte plus cher qu’un lycéen.

    Carte des formations

    La FSU souhaite une remise à plat de la carte des formations dans le but de combler les carences et d’amorcer une évolution vers de nouvelles formations car son évolution actuelle se limite à des réajustements et à des aménagements entre niveaux ainsi qu’à la baisse de l’offre en Comptabilité-Secrétariat à peine « partiellement compensée » par une augmentation dans le secteur de la Vente. L’offre en Vente est développée, mais la préparation aux métiers du secrétariat et de la comptabilité est considérablement réduite alors que le besoin en secrétaires, assistant-e-s, agents et hôtesses d’accueil, standardistes et autres employés administratifs et gestionnaires est important en Ile-de-France, en terme de projets de recrutements, d’après la dernière enquête officielle du pôle emploi de notre Région.

    D’ailleurs d’après cette enquête, beaucoup de métiers ont d’énormes difficultés à recruter des salariés… Dans les métiers « de bouche » par exemple, 74 % des recrutements se font difficilement. L’offre en boulangerie, pâtisserie, charcutier-traiteur entre autres est toujours insuffisante et aucune section supplémentaire dans les métiers de l’hôtellerie et de la restauration n’est prévue.

    Autre exemple, qui n’est pas nouveau, 69 % des embauches de coiffeurs-esthéticiens-manucures s’avèrent ardues. Sur l’académie de Paris, par exemple, aucune formation supplémentaire préparant à ces métiers n’est ouverte. La seule annonce est le transfert de toutes les sections du LP Fortuny vers les sections d’ E.Lemonnier sans création supplémentaire sur l’académie ni engagement du Rectorat quand aux modes de transferts de TOUS les personnels. Il y avait largement assez de demandes émises par les familles à Paris pour remplir deux lycées dans ces filières.

    Ajoutons le manque criant de places dans les sections sanitaires et sociales, dans certaines filières comme l’hygiène ou la petite enfance…. Quelle sera la politique des Rectorats dès la mise en place des nouveaux BAC Pros ? Les besoins en emplois sur la région Ile-de-France nécessitent évidemment des ouvertures dans ces filières et des mises en place de « poursuites d’études ». Quelle orientation proposera-t-on aux élèves ne voulant pas aller en Bac Pro ou désirant exercer un métier dans le secteur social (moniteur éducateur, éducateur de jeunes enfants…) ? Actuellement seuls les enseignants ayant une formation d’infirmière ou de puéricultrice peuvent enseigner en DEAS ou DEAP, alors, qui enseignera en Bac Pro ?

    La demande dans les métiers de la cosmétique, dans les métiers du bâtiment, de l’environnement (construction économique, thermique etc.), dans les métiers de la Prévention-sécurité est également forte et l’ouverture de sections de formation pour ces filières devrait être prise en compte.

     

    Une des raisons du décrochage scolaire en Lycée Pro est l’orientation subie. Est-ce que diversifier et augmenter l’offre de formation ne serait pas un moyen de diminuer ce décrochage ? Et au final les seules annonces dans les CTPA concerne de « probables » transferts de sections, alors que les demandes des élèves et de leurs familles sont criantes sur les « métiers de bouche ». Pourquoi ne pas ouvrir à des sections de CAP et BAC dans l’Hôtellerie restauration actuellement en nombre insuffisant sur l’Ile-de-France au regard des débouchés et des vœux d’orientation des élèves ? Pourquoi les Rectorats ont-il plutôt choisi de développer ces sections en apprentissage alors que les familles formulent massivement en « 1er vœu » la demande d’une poursuite d’études dans ces métiers au sein de l’enseignement initial public ? Une forte demande pour ces sections subsiste pourtant.

     

    Au lieu de « déplacer et transférer » des sections, nous demandons aux Rectorats et à la Région d’avoir de l’ambition pour faciliter la réussite de tous nos élèves, en ouvrant des sections et en développant l’offre de formation dans la voie professionnelle initiale publique…

    Pour éviter le « décrochage et l’orientation subie » en lycée Pro il faudrait de toute évidence diversifier et augmenter l’offre de formation professionnelle initiale publique en Ile-de-France. La FSU revendique que cela devienne immédiatement une des priorités des académies et de la Région.